Ce témoignage est le reflet de mon expérience, il s’appuie donc seulement d’après ce que j’ai vécu. Il y a un an et demi de cela, je terminais l’écriture de mon roman Vénéneuse. Après cinq ans de travail acharné, j’ai décidé de réaliser mon rêve : la publication de mon roman en maison d’édition. Deux semaines plus tard, les premiers retours tombaient, et ils étaient positifs ! Et c’étaient bien des maisons à compte d’éditeur traditionnelles ! Au total : quatre maisons d’édition ont été séduites par mon roman. Mais une question subsiste mes chers lecteurs et lectrices, comment ai-je fait ?
- Soigner son travail
Dans une pensée totalement fantasmée, nous pourrions imaginer qu’il suffit de terminer son roman et de l’envoyer comme tel. C’est du moins ce que s’imagine de nombreux auteurs en herbe. Pensant que c’est la future maison qui fera les corrections, certains ne relisent pas leur texte et ne prennent pas la peine de le corriger. Erreur ! Lorsque vous enverrez votre manuscrit, vous ne serez pas les seuls. Savez-vous que seulement 3% des auteurs décrochent le saint graal ? Autant dire, c’est peu. La concurrence est rude, il faut donc mettre toutes les chances de votre côté.
Et pour cela, il faut soigner son travail. Lire, relire, faire appel à des bêta lecteurs ou alpha lecteurs afin qu’ils pointent les incohérences et soulèvent également les points positifs (c’est tellement plus encourageant). Certains bêta lecteurs peuvent relever les fautes d’orthographes, mais ce n’est pas leur rôle principal. Sachez que les services de bêta lecture se professionnalise également. Si vous avez du mal à trouver des bêta lecteurs suffisamment pertinent ou qui ne respectent pas les délais fixés, vous pouvez faire appel à des conseils éditoriaux (moyennant finance). Et, avant l’envoi du manuscrit, pensez aussi à enlever les fautes restantes en faisant appel à un correcteur professionnel, ou en passant le texte sur des logiciels spécialisés et payant. Pour ma part, j’ai fait appel à une correctrice qui a corrigé seulement le début de mon roman, soit l’équivalent des 50 premières pages, afin de donner un début lisse et propre qui donnerait envie aux éditeurs de lire le début de mon histoire.
Au final, avant d’envoyer son roman, il faut s’assurer d’envoyer la meilleure version possible. Le reste sera revu par l’équipe éditoriale si le manuscrit est retenu.
- La recherche d’un éditeur
Une fois que vous avez tiré la meilleure version de votre bébé, il est temps de le laisser s’envoler et de sélectionner les maisons d’édition dans lesquelles vous aimeriez être. Là aussi, ce n’est pas une mince affaire. Pour commencer, sélectionnez celles qui entrent dans la ligne éditoriale de votre livre. Vous n’enverriez pas une romance à une maison qui publie exclusivement de la science-fiction ou du polar ? Il faut donc cibler les éditeurs qui correspondent au genre du roman. Faite une recherche internet et listez les maisons qui publient le même genre que votre histoire. Ensuite, faite un tour sur leur site et parcourez leurs collections pour voir dans laquelle votre livre pourrait paraître. Regardez les résumés, les couvertures et les thématiques qu’aborde les romans. Une fois que vous avez fait ça, vous êtes sur la bonne voie, même si le chemin est encore long.
- La préparation à la soumission du manuscrit :
Il existe autant de façon de soumettre son livre, qu’il existe de maisons. Chaque éditeur à des conditions d’envoie spécifiques. Certains n’acceptent que les envoi postaux (oui, ça existe encore !), d’autres seulement via un formulaire en ligne ou une adresse mail spécifique. Chaque maison d’édition demande une mise en page différente. Certaines se cantonnent à une police standard comme le Times New Roman, taille 12, quand d’autres souhaitent d’autres police. Idem pour la mise en page, certains éditeurs demanderont de faire apparaître vos coordonnées sur les entêtes ou le bas de chaque page, d’autres non. Certains exigeront un format PDF ou un format A5, d’autres, un simple format Word. Le respect des conditions d’envoi fait partie des premiers critères de sélection. Si vous ne les respectez pas, comment voulez-vous qu’un éditeur vous accorde son attention ? Il faut se montrer attentif dès le début et surtout, montrer qu’on respecte les consignes. Ainsi, vous mettez toutes les chances de votre côté pour qu’un éditeur s’intéresse à votre texte et se dise qu’une collaboration avec vous ne serait que bénéfique.
- Le dossier de soumission
Vous avez donc travaillé votre manuscrit à son paroxysme, vous avez ensuite sélectionné soigneusement les maisons d’édition, puis adaptez une mise en page plus ou moins différente pour chaque sélection de maisons. Cependant, il ne suffit pas d’envoyer un mail bateau en balançant votre manuscrit, que nenni ! Si vous voulez vraiment capter l’attention des éditeurs, il va falloir leur faciliter le travail et adopter une démarche professionnelle.
Oui, mais, comment faire, me direz-vous ?
Un dossier de soumission comporte plusieurs éléments à envoyer en plus du manuscrit. Et oui, je n’ai jamais dit que c’était simple.
Voici ce que comporte un dossier de soumission :
- Un mail personnalisé
- La biographie de l’auteur
- Un synopsis détaillé
- Une note d’intention
- Fiche sur vos personnages (aléatoire en fonction de la maison)
- Le manuscrit
- Un mail personnalisé
Pour accompagner votre envoi, présentez-vous, ainsi que votre manuscrit. Expliquez de façon concise en quelques phrases l’essence même de votre histoire comme introduction, puis, insérer dans le mail votre résumé de quatrième de couverture. Ensuite, expliquer pourquoi vous postuler chez eux, ce que cet éditeur peut vous apporter, mais aussi ce que vous pouvez lui apporter. Parce qu’une relation entre un auteur et un éditeur fonctionne dans les deux sens, donc il est important de leur montrer ce que votre histoire pourrait leur apporter. Concluez par une formule de politesse qui les invites à consulter vos pièces-jointes s’ils souhaitent en savoir plus sur votre roman ou votre parcours, et à lire votre manuscrit.
- La biographie de l’auteur
Quoi de mieux pour un futur collaborateur que d’en savoir plus sur vous ? Certains éditeurs demandent de mettre la biographie dans le corps du mail, d’autres en PJ, dans tous les cas, il faut s’adapter. Les biographie s’écrivent à la troisième personne (comme celles que vous trouvez sur internet). Chaque auteur la personnalise comme il en a envie, mais on y retrouve dans tous les cas des informations similaires : D’où vient l’écrivain, ses autres passions en dehors de l’écriture, et son parcours.
Vous n’avez pas encore publié de livres ? Pas de panique ! Expliquez dans ce cas pourquoi vous vous êtes dirigé dans cette belle aventure et le lien qui vous unie à votre œuvre.
- Un synopsis détaillé
Sûrement le fichier le plus difficile à réaliser, même en connaissant votre manuscrit sur le bout des doigts ! Tout d’abord, qu’est-ce qu’un synopsis détaillé ? Contrairement à ce qu’on pourrait penser de prime abord, ce n’est pas le résumé de votre quatrième de couverture. C’est le résumé de votre roman incluant l’introduction, ainsi que tous les passages et moments clé, et la conclusion. Vous devez tout raconter, mais là où l’exercice est corsé, c’est que vous êtes limité en nombre de mots. Votre document doit faire entre 1000 et 1500 mots, ce qui correspond environ à une page et demi (ou deux) sur un traitement de texte. On a beau connaître par cœur notre manuscrit, en parler ou le résumer est un exercice très difficile, surtout quand il s’agit de donner envie de s’y intéresser !
Pourquoi les éditeurs nous demandent ce document ? Tout simplement, car c’est plus simple pour eux. Grâce à ce synopsis, ça leur évite de lire tout le roman, ils peuvent donc savoir en quelques minutes si votre texte entre dans leur ligne éditoriale ou non. Et puis, c’est une façon directe pour eux de vérifier le squelette de votre histoire et si votre intrigue tient la route.
Comment rédiger un synopsis détaillé ?
Deux façon de procéder se distinguent :
Rédiger en une phrase ses chapitres :
Apparemment, si vous parvenez à résumer en une phrase ou deux vos chapitres, mis bout à bout, vous avez votre synopsis. Je n’ai pas essayé cette méthode, mais personnellement, je n’y crois pas trop. Mon roman était tellement volumineux qu’il m’était impossible de le faire, et cela peut donner un récit haché. Sans compter qu’il y a des chapitres moins importants.
Rédiger le synopsis en partant du début jusqu’à la fin :
Commencer par raconter le début de votre histoire, puis continuez d’étapes en étapes en parlant principalement des moments clé. L’élément déclencheur, le passage où votre héro franchi un cap, le milieu, d’autres moments forts qui emmènent petit à petit au climax final.
Faut-il vraiment spoiler la fin ?
Cela dépend. La plupart des éditeurs vous diront que oui. Par exemple, dans un polar, ils souhaitent savoir qui est le tueur pour voir si l’auteur a bien distillé les éléments, ou s’il n’y a pas d’incohérences. Mais, certains éditeurs demandent à ce que l’auteur ne dévoile pas la fin. Il faut donc être vigilant à ce qui est écrit dans les conditions d’envoie sur le site des maisons d’édition.
Quel type de narration utiliser ?
Il est conseillé d’écrire votre synopsis à la troisième personne, mais il n’y a pas de règles interdisant l’utilisation de la première personne du singulier. Chaque auteur peut adapter son synopsis de la façon dont il veut, du moment que c’est bien fait et que ça donne envie.
- Une note d’intention
Je vous vois venir ! Vous vous demander sûrement, qu’est-ce que c’est encore, et surtout son utilité. La note d’intention n’est pas forcément demandée par les éditeurs dans les conditions de soumission, mais attention, elle est fortement appréciée. Par exemple, j’avais envoyé Vénéneuse à une maison qui ne demandait pas de note d’intention, et l’éditrice qui voulait me signer, m’a dit au téléphone que ma note lui a été précieuse.
Qu’est-ce qu’une note d’intention ?
Comme son nom l’indique, la note d’intention est là pour donner l’intention de votre manuscrit aux éditeur. Elle permet de savoir plus en détails les informations capitales sur votre histoire, et surtout, de savoir si vous entrez dans leur ligne éditoriale.
Qu’est-ce qu’on y trouve ?
- Une page de garde avec le nom du projet ainsi que vos coordonnées.
- Des informations comme : le titre du roman, si c’est un one-shoot ou une saga (si oui, en combien de tome), le nombre de mots, le genre littéraire, le public visé, la narration.
- Le contexte : Un paragraphe qui résume votre histoire, ainsi que pourquoi vous avez écrit ce roman et pas un autre.
- La présentation des personnages et des thématiques abordées : vous présentez vos thématiques, ainsi que vos protagonistes, ce qui les anime. Pourquoi vous abordez certaines thématiques et si votre histoire fait passer un message. Vous présentez ensuite les points forts de votre roman.
- L’ambiance et le style d’écriture : décrivez l’ambiance qui se dégage de votre texte et parlez un peu de votre style d’écriture, pour donner envie de vous lire.
- Comment intégrer le roman dans la collection ? Décrivez la collection de la maison d’édition et expliquer pourquoi vous pensez que votre roman s’y imbriquerait.
- Pourquoi avoir choisi la maison d’édition ? Expliquez en quelques phrases ce qui vous attire chez cet éditeur et pourquoi il a attiré votre attention. Faites également le lien avec les romans qu’ils ont déjà édité pour montrer que votre roman a un lien avec leurs histoires, tout en restant unique.
- Fiche sur vos personnages (aléatoire en fonction de la maison)
Certaines maisons demandent une fiche spécifique où vous devez décrire vos personnages physiquement et les présenter. Si la maison d’édition le demande, faites-le, sinon, c’est facultatif (je ne l’ai pas fait car les maisons ne l’ont pas demandé et que j’ai déjà parlé de mes personnages dans la note d’intention, ainsi que dans le synopsis détaillé).
- Le manuscrit
Et bien sûr, avec toutes ces pièces jointes, n’oubliez pas de joindre votre manuscrit, c’est quand même le plus important !
Pour conclure, même si toutes les maisons d’éditions ne sont pas aussi exigeantes, soyez exigeant avec vous-même lors de la constitution du dossier de soumission. Vous n’aurez que plus de chances de vous démarquer et de passer l’étape de la première sélection. En vous adressant à des professionnelles, vous devez avoir une démarche professionnelle. Envoyer son roman à des maisons, c’est un travail de longue haleine, mais ô combien gratifiant lorsque vous avez une ou plusieurs réponses positives. Envoyer son roman c’est un peu comme chercher un travail. Armez-vous de patience et ne relancez pas les éditeurs. Certaine répondent plus vite que d’autres, en particulier les plus petits éditeurs, mais sachez que tout est possible ! En attendant, essayer de ne pas aller tous les jours sur votre boîte mail et lorsque les premières réponses tomberont, soufflez un bon coup et ouvrez la porte qui vous emmènera vers la victoire.
Si vous avez d’autres questions, n’hésitez pas à me suivre. Mes pseudos Facebook et Instagram : Cyndra O’Hara.
Article de Cyndra O’Hara – Autrice du roman Vénéneuse disponible le 29 mars 2024 aux éditions Elixyria en France, et au Québec.